Enfin le voilà ce tuto sur les steeks ! Ouh, la, la, cela a été laborieux ! Désolée pour le délai, mais l’organisation d’un déménagement a légèrement perturbé mon planning…
Je voulais vraiment un tuto clair et complet et j’espère que c’est réussi. Un grand merci à l’empereur d’Orient qui s’est improvisé cameraman et a assuré le post traitement de manière… impériale !
C’est ma première vidéo tricot. Et ce n’est pas facile de tourner une démonstration avec des gestes bien visibles, des gros plans nets, le tout sans longueurs excessives.
L’objectif est de vous proposer, en français , un pas à pas pour pratiquer cette technique très utilisée dans les pays d’Europe du nord. Lancez-vous, ça vaut le coup !
Je consacre donc cet article à cette technique que j’ai appris à apprécier et pratiquer aux Shetland. Vous trouverez donc ici :
La vidéo découpée en plusieurs séquences. Elle sera ainsi plus facile à utiliser selon vos besoins.
Et des photos « arrêt sur image » complètent – utilement j’espère – cette démonstration.
Attention ! Je suis gauchère. Certaines indications seront donc à inverser pour les droitières. Par exemple, la consolidation au crochet se fera de la droite vers la gauche et non de gauche à droite.
Les steeks :qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ?
Cette technique est très liée à des traditions de tricot jacquard, pratiquée dans les pays d’Europe du Nord, en particulier dans les îles Shetland. Dans ces traditions où le jacquard est une succession de petits motifs très variés et utilisant de nombreux coloris, les pulls et les cardigans se tricotent en rond pour pouvoir toujours travailler à l’endroit et mieux suivre le dessin.
On tricote donc en rond une forme tubulaire qu’il faut ensuite ouvrir pour faire un cardigan ou fixer des manches.
Les steeks sont des mailles supplémentaires qui sont rajoutées à un tricot et ne font donc partie ni du dessin ni des mesures finales et dans lesquelles on va ensuite couper.
J’ai utilisé cette technique pour la première fois pour réaliser un cardigan pour enfant avec un empiècement jacquard sur l’encolure. Je l’ai trouvée très intéressante. Je l’ai trouvée très pratique et pas si difficile à condition d’être méthodique . Elle fait de beaux tricots avec des finitions impeccables.
Voici l’échantillon de démonstration pour vous montrer les différentes étapes. C’est un tube en jacquard, une sorte de pull shetlandais miniature qui représente le pull du bas jusqu’aux emmanchures.
Imaginez qu’il s’agit d’un modèle de gilet, qu’il faut ouvrir devant pour faire les bordures de boutonnage.
Les steeks sont ces mailles supplémentaires que vous voyez au milieu et qui ne font pas partie du motif mais sont tricotées dans les mêmes couleurs. Elles doivent être prévues dès le début dans le patron et ne peuvent être rajoutées a posteriori.
J’ai donc tricoté le gilet en rond avec ses motifs plus 5 mailles de steeks à l’endroit où le gilet doit s’ouvrir. Pour plus de visibilité j’ai matérialisé leur emplacement par un fil vertical de chaque côté.
Les steeks doivent toujours être en nombre impair car on va couper dans la « colonne » du milieu entre les deux brins de la maille centrale, c’est-à-dire pour mon échantillon dans la maille numéro 3 ; il y aura deux autres steeks de chaque côté ; on a donc bien une symétrie .
Le nombre de mailles steeks est le plus fréquemment de 5 ou de 7. Moins c’est trop peu pour couper en toute sécurité. 9 c’est trop de mailles supplémentaires sur les côtés.
La méthode est la suivante :on rentre les fils sur l’envers, on consolide les steeks, on coupe, on replie les bordures sur l’intérieur, on relève les mailles pour les bordures.
1 Rentrer les fils
Dans un jacquard, il s’agit des fils utilisés pour commencer un rang ou coupés à la fin d’un rang une fois leur utilisation terminée. Il faut les rentrer sur l’envers en les écartant des steeks pour éviter qu’il ne soient coupés quand on va ouvrir le tricot. Donc, on les rentre sur la droite ou sur la gauche selon leur emplacement en les écartant du centre où se trouvent les steeks.
2 Consolider les steeks
Avant de couper le tricot dans ces steeks, il faut les sécuriser pour éviter que le tricot ne se défasse. Cette consolidation se fait au crochet avec un fil de couleur assez proche si possible. Si vous n’utilisez pas le fil qui vous a servi à faire le modèle, l’idéal est de prendre du fil à chaussette fin et solide dans une couleur similaire. Dans le cas d’un jacquard, je vous conseille de prendre la laine la plus claire.
Pour la démonstration, j’utilise un fil volontairement contrasté pour des raisons de visibilité.
Certains font cette sécurisation à la machine en faisant une double couture de chaque côté de la maille centrale, mais je trouve cela moins bien : le fil de couture a tendance à rigidifier le tricot. Le crochet avec le même fil que le tricot fait un travail plus souple.
On va faire une chaînette de chaque côté du steek central en prenant ensemble un brin du steek latéral et un brin du steek central.
On fait une boucle avec un nœud sur le crochet. On passe sous la bordure du tricot ( en haut ou en bas, peu importe) et on fait une première maille serrée.
Et on « attaque » les steeks : on prend le brin du steek latéral avec le brin du steek central et on fait une maille serrée. Que vous commenciez par le haut du tricot ou par le bas, il faut toujours prendre le brin du steek latéral d’abord.
Attention, je travaille de la gauche vers la droite pour faire cette consolidation car je suis gauchère. Pour les droitières, on travaille de droite à gauche. Mais dans les deux cas, on commence toujours par prendre le brin du steek latéral puis le brin du steek central pour faire la maille serrée.
On répète sur toutes les mailles de la colonne. Le plus important est de ne pas sauter de maille sinon le tricot se défera.
Au bout du tricot, je passe sous la bordure pour une maille serrée, je coupe et je passe mon fil dans la boucle.
Regardez à quoi ressemble ce travail : on voit une chainette sur l’endroit et sur l’envers les deux brins des 2 steeks sont bien pris sur toute la hauteur.
Et je recommence de l’autre côté, en reprenant en sens inverse : si j’ai fait ma première chaînette de bas en haut, je fais la seconde de haut en bas, ou inversement. Cela permettra de bien écarter les deux chaînettes et de faciliter la coupe au centre.
Je fais une première maille serrée sous la bordure et je reprend le brin du steek latéral avec le brin du steek central pour faire une maille serrée.
Lorsque les deux chaînettes sont faites, la consolidation est terminée. Sur l’endroit, on a donc 2 chaînettes bien régulières et sur l’envers, on voit les brins pris dans la chainette sur toutes les mailles.
Les deux chaînettes écartent le tricot au centre. On va pouvoir couper !
C’est vraiment ce travail de consolidation qui est le plus important car il permet ensuite de couper toute sécurité. Soyez méticuleux !
Rappel de quelques points essentiels :
Faire les deux chaînettes en sens opposé,
Toujours prendre le brin du steek latéral d’abord et ensuite celui du steek central,
Ne pas sauter de mailles : il faut les prendre toutes sur la hauteur,
Une seule maille serrée suffit : ne pas faire plusieurs mailles serrées dans les mêmes brins sinon cela va « épaissir » votre travail.
3 Couper !
En théorie , c’est l’étape la plus stressante, mais en fait non, l’essentiel est déjà fait.
Il faut des petits ciseaux pointus de couture. On écarte bien les deux chaînettes et on coupe le brin transversal du steek central sur toute la hauteur.
Allez-y doucement et faites attention à ne pas couper autre chose, notamment la chaînette.
Voilà. Le tricot est ouvert et les mailles tiennent.
Il faut maintenant replier les bordures des steeks vers l’intérieur pour les cacher sur l’envers avant de faire les bordures de boutonnage.
4 Replier et fixer les bordures des steeks sur l’envers
C’est très simple, il faut juste veiller à bien replier au bon endroit à la limite du 1er et du dernier steek.
On replie la bordure et on fixe avec une couture à points glissés. Et on fait de même de l’autre côté. Une fois les bordures repliées, les steeks sont invisibles. On a un jacquard ouvert avec les motifs symétriques.
5 relever les mailles pour faire les bordures de boutonnage
Pour terminer la bordure du cardigan, on relève les mailles selon le nombre indiqué sur le patron. En général, pour avoir une bordure bien droite et qui ne gondole pas, on ne relève pas toutes les mailles, on en saute une de temps en temps.
Une fois ces mailles relevées, on tricote selon les indications du modèle : côtes, point de riz, jersey endroit, avec ou sans boutonnières. Et il faut faire de même de l’autre côté.
Les steeks sont vraiment une technique intéressante quand on fait du jacquard, mais elle peut aussi être utilisée pour tout modèle qu’on tricote en rond et qu’on a besoin d’ouvrir.
Je vous ai montré le principe avec un exemple de cardigan, mais la technique se pratique aussi pour ouvrir un pull à l’endroit des manches.
N’hésitez pas à me faire part de vos critiques constructives dans les commentaires.
Couper dans un tricot vous stresse ? Le mieux est de dédramatiser en réalisant un petit échantillon sur 10 cm de hauteur. Vous vous familiariserez avec la technique et pourrez passer au grandeur nature en toute sérénité ensuite.
J’espère que ce tuto vous a plu et vous sera utile. Bon tricot !
Bonjour
JE viens de lire votre tuto, très bien fait car je vais me lancer dans un modèle de veste qui utilise la technique du steek et vraiment ça me fait peur , le crochet ,je ne connais pas du tout .
IL s’agit d’un modèle de chez Drop Design et par rapport à ce que vous montrez , il y a quelque chose que je ne comprends pas (leurs explications sont difficiles) .
Vous montrez les mailles steek tricotées ds les fils différents du rang
Eux insistent sur le fait de ne pas tricoter les mailles steek en jacquard, mais comment est ce possible?
comment faire suivre les fils de couleur sans les tricoter sur 5 mailles .
Quelle est la meilleure technique ?
merci de votre aide
Bonjour et désolée pour le délai de réponse !
Je vous confirme qu’il faut tricoter les steeks avec les fils de couleurs sans interruption, sinon, effectivement comme vous l’avez bien compris, on ne peut pas faire suivre les fils.
Et si la consolidation au crocher vous effraie – mais en faisant attention, c’est tout à fait faisable – ,il est également possible de faire une piqûre à la machine à la place.
Je vous conseille de faire un brouillon pour vous exercer à cette technique.
Bien à vous et bon tricot !
Merci Natalie. Je n’ai jamais osé me lancer dans les steeks même si la richesse des motifs du tricot en rond me tente depuis longtemps. Votre technique est très intéressante et je la trouve plus rassurante que celle que j’avais lue par ailleurs : piquer à la machine plusieurs lignes serrées de chaque côté avant de couper au milieu. Je m’étais toujours demandée si cela tiendrait bien une fois ajoutée la bande de boutonnage et surtout le résultat est mieux fini. Bravo à tous deux pour ce tutoriel très clair.
Merci Caroline de votre message. Oui, les steeks sont une technique fiable pour peu qu’on respecte quelques règles de base. Il faut essayer sur un échantillon pour se faire la main et une fois qu’on a coupé dans son tricot, on constate que ça tient ! Le plus difficile finalement, c’est d’accepter de prendre les ciseaux… Je vous encourage à essayer et si vous avez besoin d’un complément d’information, je suis à votre disposition.
Bravo Natalie j’ai tout compris grâce à tes explications très claires de cette technique qui me paraissait pourtant si barbare et complexe!!!
Bravo encore
Wouah! Bravo pour ce tutoriel. C’est une réussite! C’est un beau travail d’équipe.
Cela me sera bien utile quand j’en serai arrivée à couper dans mon tricot.
Je tricote en ce moment la tunique Scatness de Kate Davies et le modèle comprend des steeks justement.
Les explications et les vidéos sont très claires!
Un petit détail : le fil orange ne se voit pas très bien sur la vidéo. Mais ce n’est pas très gênant.
Et tes tricots en cours, ils en sont où?
Gros bisous!