Pull Chevrons

Il y a déjà un peu plus d’un mois, j’ai publié cette nouvelle création, le pull Chevrons, nouvelle étape dans mon exploration des traditions nordiques, après le pull jacquard My Fairisle.

Chevrons est un pull à yoke qui  décline un motif simple en trois couleurs sur un fond gris. Et  pour le tricoter, le choix fut vite arrêté à la qualité « Ouessant 50  » de Bouclelaine que j’affectionne particulièrement ; c’est une laine rustique (mais qui ne « pique  » pas !), fine et qui s’adoucit au lavage, assez proche de la laine shetlandaise et tout à fait adaptée à cette typologie de tricots nordiques.

4 couleurs pour ce pull : la couleur principale, un beau gris « Cendre naturel » et pour les motifs de chevrons et de côtes rayées, trois couleurs : Bleu Outremer, Cassis et Coulemelle.

Chevrons est ma première création entièrement sans couture. Le pull se tricote de haut en bas, en rond. J’avais déjà tricoté des modèles avec cette technique « seamless » et une fois surmontée l’ appréhension de la difficulté du tricot sans couture, j’ai vraiment beaucoup apprécié expérimenter ce mode opératoire.

Cela crée des modèles sans surépaisseurs, sans rupture de motifs dont l’effet final vaut vraiment la peine. Pas de mailles à relever, pas de couture, le pull est terminé dès qu’il est tombé des aiguilles, c’est le bonheur de la tricoteuse !

Mais la construction de ce genre de modèle est exigeante pour la designer ! La partie la plus difficile est la partie haute. Puisqu’on tricote en rond, le motif fait le tour du pull sans rupture et la modélisation est donc complexe : il faut combiner l’élargissement de la forme depuis l’encolure jusqu’aux manches en intégrant les rangs de motifs du yoke.

Une fois les emmanchures passées et les mailles pour les manches mises de côté, c’est très simple, on tricote tout droit ! On reprend ensuite les mailles des manches qu’on tricote également en rond.

Voici donc Chevrons, un pull uni avec un yoke en trois couleurs, reprises pour les bords côtes du corps et des manches.

J’ai choisi une forme ample pour plus de confort. Et je suis assez contente du résultat !

Ça vous tente ? Le patron de ce pull est en vente sur Ravelry ici. Et n’oubliez pas de mettre des photos de vos réalisations …

Ringell

À l’occasion d’un KAL familial (« tricotons ensemble »), j’ai tricoté Ringell, un modèle de Trin Annelie. Le modèle me plaisait à plus d’un titre. Il est tricoté avec la marque De Rerum natura établie en France, dont j’apprécie la qualité et les valeurs. La laine Ulysse que j’ai déjà eu l’occasion de travailler dans une autre grosseur (Gilliatt) est un mélange de mérinos d’Arles et du Portugal, très doux et très agréable à tricoter ; la gamme colorée est très réussie.

Et le modèle bien sûr ! La forme est simple, décontractée. Les détails comme l’ouverture sur le côté ou les côtes dos et devant qui ne sont pas de la même hauteur m’ont plu. La technique me convenait aussi car c’est un pull sans couture qui se tricote en un seul morceau de haut en bas.

On tricote en rond en commençant par l’encolure ; mais comme elle est très large et que ça ne me convenait pas, j’ai choisi l’option montage provisoire des m sur un fil annexe, ce qui permet ensuite de les reprendre pour tricoter le col à sa convenance. cette option est prévue par le patron, ce qui est très bien !

Il y a des rangs raccourcis pour modeler l’encolure du dos et ensuite on tricote le yoke jacquard en répartissant des augmentations sur les rangs sans motif. Il faut être attentif à bien suivre la grille jacquard, mais rien de difficile.

Une fois le yoke terminé, on laisse de côté les mailles pour les manches et on termine le corps. On reprend ensuite les manches pour les tricoter de l’emmanchure vers le poignet.

Le seul bémol, c’est la quantité de laine qui est calculée un peu juste. Il m’en restait à peine de quoi faire un rang de plus, alors que j’ai tricoté un motif de moins car je trouvais le pull trop long. Si vous prévoyez de tricoter ce modèle, je vous conseille de prendre une pelote de plus pour la couleur principale.

Et effectivement, le pull est confortable et doux !

Risttee

Sortons des tricots shetlandais mais restons dans les inspirations nordiques avec ce modèle Risttee, publié dans le magazine Laine n°9, un magazine sur la « Nordic knit life » que j’aime beaucoup. De très beaux modèles de créateurs, et une ligne éditoriale sur le style de vie nordique qui promeut les belles fibres, les filières locales respectueuses de la nature, le goût des choses simples et authentiques.

Risttee est un modèle d’Aleks Byrd, une designer dont j’aime l’inspiration puisée dans les traditions des pays baltes, comme pour ce modèle avec son empiècement en jacquard à motif estonien.

J’ai tricoté le mien dans la laine du modèle, c’est à dire de la Knit By Numbers 4 ply de John Arbon Textiles. Une première là encore pour moi. Cette laine merino est superbe et très douce, déclinée dans un dégradé de couleurs magnifiques. Et la démarche de fabrication me plaît beaucoup aussi. Située dans le Nord Devon en Grande-Bretagne, John Arbon Textiles est une filature à l’ancienne installée dans un moulin. Cette manufacture reprend les techniques traditionnelles avec des machines qui ont été restaurées. Et la laine travaillée est issue des races locales, notamment Exmoor et Leicester.

Tout cela compte beaucoup pour mon activité de tricoteuse et apporte de la valeur ajoutée aux modèles.

Le modèle se tricote du bas vers le haut en rond. On tricote aussi les manches en rond séparément et on les joint au corps pour tricoter l’empiècement. Aucune couture donc, sauf pour fermer les manches sous les bras. J’aime de plus en plus cette technique ! Certes, on a beaucoup de mailles sur les aiguilles, mais plus la « corvée » de coudre les pièces entre elles et cela fait un tricot impeccable !

Jusqu’à l’empiècement, il n’y a vraiment aucune difficulté, on tricote en jersey les bandes de couleurs en dégradé, du plus foncé vers le plus clair.

L’empiècement est plus complexe et réclame de l’attention car le motif est impossible à mémoriser. Il mélange des mailles croisées et un motif jacquard sur 60 rangs. Les 20 derniers rangs ont des diminutions pour l’encolure.

Ce mélange crée un effet « gaufré » comme dans le quilting.

Puis le col est en côtes rayées, sans difficulté particulière.

On rabat souplement et c’est terminé ; il n’y a plus qu’à rentrer les fils et fermer le dessous des manches.

Mon Risttee est doux et très agréable à porter, surtout avec ce printemps encore très frais !

Scatness tunic

Poursuivons notre exploration des traditions shetlandaises avec la Scatness tunic de Kate Davies et son béret assorti.

Le modèle a été publié dans l’ouvrage Colours of Shetland dans lequel Kate Davies met en parallèle les modèles et les lieux qui les ont inspirés. Old Scatness est un site archéologique au sud de l’île de Mainland, remontant à l’âge du bronze. Le site a été occupé plus tard par les Vikings qui ont réutilisé de drôles de bâtiments en forme de roue construits par les Pictes pour la fabrication de textiles. Kate Davies s’est inspiré de ces formes pour créer une tunique et son béret assorti.

J’ai tricoté cette tunique dans le même fil et les mêmes couleurs que le modèle : Jamieson et Smith, 2 ply Jumper weight en écru et 7 autres couleurs.

La tunique terminée mais sans les boutons

Le patron utilise des techniques traditionnelles et chères à Kate Davies : le tricot en rond, les steeks, les motifs à deux couleurs par rang. Comme d’habitude chez cette designer, les explications sont impeccables ( mais en anglais) et très précises : on a aucune difficulté à les suivre. Et les finitions sont très fignolées. C’est long à faire mais si on est précautionneux, le résultat est à la hauteur !

le yoke en jacquard avec ses steeks centraux qui permettent de tricoter en rond et toujours sur l’endroit pour bien suivre le motif
J’ai consolidé les steeks avant de couper pour ouvrir le gilet

Kate Davies a le sens des beaux détails : les côtes en couleur dans un beau dégradé, un Icord pour les manches et les bandes de boutonnières, un galon à l’intérieur, des boutons pressions transparents.

Dans ce modèle, les boutons m’ont beaucoup plu : Kate Davies les a appelés les « wheelhouse buttons » en référence directe au site archéologique et j’aime beaucoup cette forme concentrique et nervurée. On fait un gabarit en laine sur un carton ; on retire le carton et on dispose ce gabarit autour d’un gros bouton.

Fabrication du bouton sur un cercle en carton
Les « wheelhouse buttons »

Le résultat est vraiment très chouette, non ? Je pense que je réutilisera cette technique.

Et le béret assorti est très joli aussi ; il reprend les mêmes couleurs, avec un peu de blanc en plus pour le centre du motif. Il se tricote en rond lui aussi en commençant par la bordure extérieure.

Et la prochaine fois, l’Ursula cardigan, toujours de Kate Davies et toujours inspiré des Shetland. On ne s’en lasse pas !

Le petit mammouth est de retour !

Je sais, on est au milieu de l’hiver, c’est un curieux moment pour sortir d’hibernation, mais on va tout de suite régler la question et on passera aux choses intéressantes ensuite. Donc, je sui sortie de ma période longue maladie, et si la crise sanitaire est encore là avec son cortège de contraintes, de privations et d’anxiété, cela ne m’empêche pas de reprendre le tricot. Je dois être patiente et tricote moins vite qu’avant, mais les traitements n’ont pas altéré ma passion du tricot, donc l’esprit de ce blog ne devrait pas changer ! Je suis bien heureuse de vous retrouver et de vous présenter mes réalisations. J’espère que vous serez nombreux à me lire et à laisser des commentaires.

Je reprends tout de suite là où je m’étais arrêtée pour vous parler de la tunique Eid Top d’Hazel Tindall.

Le voilà enfin terminé ce gilet !

Un modèle d’Hazel Tindall, une designer shetlandaise pour un modèle aux motifs typiquement shetlandais, dans une forme shetlandaise : yoke en jacquard avec motifs d’étoile et d’arbre qu’on retrouve sur beaucoup de modèles, dans une technique shetlandaise ( jacquard deux couleurs, tricoté en rond avec des steeks) avec de la laine shetlandaise. Un modèle… shetlandais quoi !

J’ai trouvé le modèle et la laine chez Jamieson & Smith à Lerwick lors de la Shetland Wool Week 2017 et l’avais gardé en stock depuis ce jour.

Le modèle me plaisait pour son caractère typique mais aussi pour son originalité : sa forme de gilet court et coloré, facile à porter pour réchauffer une robe noire ou une tenue unie un peu sombre, sa bordure en damier qui crée un joli relief, le choix des couleurs noir et rouge.

La technique de tricot en rond permet de suivre toujours sur l’endroit le motif jacquard, diminuant ainsi les risques d’erreur.

L’utilisation des steeks entretient ma pratique et confère au tricot une bonne tenue.

J’ai suivi rigoureusement le modèle. Il n’y a que deux tailles, c’est un peu dommage, car j’ai fait la plus petite et je le trouve un peu large. Mais sinon, j’ai beaucoup aimé tricoter ce modèle.

À bientôt pour un autre modèle shetlandais !

J’ai coupé mon tricot !

Ce post fera date dans l’histoire de ce blog et de ma vie de tricoteuse : j’ai coupé mon tricot !

J’en avais envie depuis longtemps. Rassurez-vous, je n’ai pas fait une crise de rejet  et rêvé de massacrer tous mes travaux. Je voulais juste essayer la technique des steeks, et ça y est je me suis lancée grâce à la Shetland Wool Week.

J’ai donc tricoté mon premier gilet shetlandais selon les techniques et traditions de là-bas : tricot en rond avec steeks, yoke,  c’est à dire encolure en jacquard. Et j’y ai pris goût !

Voici Boreal constellations de Tanya Everard. Tricoté en Jamieson et Smith. avec 4 couleurs :

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J’ai dû faire un gros travail d’adaptation du modèle car il est réalisé en taille 8 ans et je le voulais en taille 2 ans. Il ne s’agissait pas seulement d’adapter les proportions, mais aussi le motif du yoke qui doit être complet et bien symétrique ; il a donc fallu refaire des calculs et définir un nombre de mailles qui soit compatible avec une taille 2 ans et la frise du yoke. Ouf !

Vous voyez ici entre les mailles de la bordure en bas, les 7 steeks qui sont des mailles supplémentaires dans lesquelles on coupera pour ouvrir le gilet. Elles se tricotent donc sur toute la hauteur en jersey dans le même fil que celui employé pour les mailles du gilet.

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On les voit mieux sur la partie jacquard entre les deux marqueurs.

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Le yoke est très représentatif des tricots shetlandais avec des motifs récurrents dans cette tradition : l’étoile et l’arbre stylisé. Je n’ai utilisé que 3 couleurs au lieu des 5 prévues sur le patron.

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Les bordures elles mêmes en point de riz et non en côtes sont caractéristiques. J’en ai vu beaucoup au musée de Lerwick et sur les patrons.

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Le modèle se tricote donc en rond jusqu’à l’emmanchure. Puis on joint les manches tricotées elles-aussi en rond et mises en attente. Et on continue en rond en tricotant le yoke. On laisse bien sûr des mailles du corps et de chacune des manches en attente sur les arrêts de mailles pour l’emmanchure.

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Et ensuite on prépare l’étape décisive : couper dans le tricot !!!! J’ai préparé le « terrain » en matérialisant avec d’autres fils les steeks sur lesquels je vais intervenir. Sur ce modèle il y a 7 steeks. Au centre, le steek dans lequel je couperai (d’où la nécessité d’avoir toujours un nombre impair de steeks). De chaque côté, les deux fils rouges marquent les limites entre  les steeks et le gilet.

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J’ai suivi la méthode apprise à l’atelier de la Shetland Wool Week, à savoir une consolidation au crochet. J’ai révisé la méthode sur le site de Kate Davies qui explique très bien – mais en anglais – la méthode. Je vais publier prochainement un tuto sur cette technique pour venir au secours des malheureuses tricoteuses françaises…

Je vous montre ci-dessous en photo comment j’ai fait. Mais ce sera plus explicite sur le tuto.

On fait une chaînette au crochet de part et d’autre du steek central à l’endroit . On crochète en prenant un brin du steek central et un brin de la maille de droite sur toute la hauteur . On fait de même dans l’autre sens de l’autre côté : les 2 brins du steek central se trouvent donc pris dans la chaînette. C’est entre ces deux brins qu’il faut couper.

Voici la première chainette de l’encolure jusqu’aux côtes.

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Puis la seconde, des côtes jusqu’à l’encolure.

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Ce qui donne ceci.

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Il faut couper entre ces deux lignes dans le fil horizontal.

Bon, je ne vous cache pas que j’ai vérifié 100 fois, j’ai pris et reposé mes ciseaux pour vérifier et finalement, j’ai coupé ! Et ça tient ! Formidable !

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Sur l’envers, on voit bien le renforcement en fil noir.

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Sur l’endroit cela fait une chaînette impeccable.

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On replie ensuite la bande de steeks de chaque côté jusqu’à la limite du fil rouge et on maintient par une couture manuelle. Il existe plusieurs méthodes pour « traiter » ces steeks qui ne doivent pas se voir. C’est prévu dans le tuto aussi !

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J’ai fait ensuite la bordure d’encolure de manière habituelle en relevant les mailles.

Le gilet est prêt pour les bordures de boutonnage. J’ai relevé des mailles de chaque côté tout du long comme d’habitude.

Avec la bande de steeks repliée vers l’intérieur, c’est beaucoup plus simple et plus net pour relever les mailles des  bordures de boutonnage.

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Et voilà le résultat  final.

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Le modèle est réussi. Je suis contente de mon premier tricot 100% shetlandais qui m’a donné du mal, mais ça valait la peine !

Après un lavage à la main et le blocage à plat, le gilet est impeccable et la laine s’est adoucie.

J’ai progressé dans mon apprentissage technique. Et j’ai très envie de recommencer. Ça tombe bien d’autres modèles shetlandais m’attendent avec la laine rapportée de là-bas…