Ce post fera date dans l’histoire de ce blog et de ma vie de tricoteuse : j’ai coupé mon tricot !
J’en avais envie depuis longtemps. Rassurez-vous, je n’ai pas fait une crise de rejet et rêvé de massacrer tous mes travaux. Je voulais juste essayer la technique des steeks, et ça y est je me suis lancée grâce à la Shetland Wool Week.
J’ai donc tricoté mon premier gilet shetlandais selon les techniques et traditions de là-bas : tricot en rond avec steeks, yoke, c’est à dire encolure en jacquard. Et j’y ai pris goût !
Voici Boreal constellations de Tanya Everard. Tricoté en Jamieson et Smith. avec 4 couleurs :

J’ai dû faire un gros travail d’adaptation du modèle car il est réalisé en taille 8 ans et je le voulais en taille 2 ans. Il ne s’agissait pas seulement d’adapter les proportions, mais aussi le motif du yoke qui doit être complet et bien symétrique ; il a donc fallu refaire des calculs et définir un nombre de mailles qui soit compatible avec une taille 2 ans et la frise du yoke. Ouf !
Vous voyez ici entre les mailles de la bordure en bas, les 7 steeks qui sont des mailles supplémentaires dans lesquelles on coupera pour ouvrir le gilet. Elles se tricotent donc sur toute la hauteur en jersey dans le même fil que celui employé pour les mailles du gilet.

On les voit mieux sur la partie jacquard entre les deux marqueurs.

Le yoke est très représentatif des tricots shetlandais avec des motifs récurrents dans cette tradition : l’étoile et l’arbre stylisé. Je n’ai utilisé que 3 couleurs au lieu des 5 prévues sur le patron.

Les bordures elles mêmes en point de riz et non en côtes sont caractéristiques. J’en ai vu beaucoup au musée de Lerwick et sur les patrons.

Le modèle se tricote donc en rond jusqu’à l’emmanchure. Puis on joint les manches tricotées elles-aussi en rond et mises en attente. Et on continue en rond en tricotant le yoke. On laisse bien sûr des mailles du corps et de chacune des manches en attente sur les arrêts de mailles pour l’emmanchure.


Et ensuite on prépare l’étape décisive : couper dans le tricot !!!! J’ai préparé le « terrain » en matérialisant avec d’autres fils les steeks sur lesquels je vais intervenir. Sur ce modèle il y a 7 steeks. Au centre, le steek dans lequel je couperai (d’où la nécessité d’avoir toujours un nombre impair de steeks). De chaque côté, les deux fils rouges marquent les limites entre les steeks et le gilet.



J’ai suivi la méthode apprise à l’atelier de la Shetland Wool Week, à savoir une consolidation au crochet. J’ai révisé la méthode sur le site de Kate Davies qui explique très bien – mais en anglais – la méthode. Je vais publier prochainement un tuto sur cette technique pour venir au secours des malheureuses tricoteuses françaises…
Je vous montre ci-dessous en photo comment j’ai fait. Mais ce sera plus explicite sur le tuto.
On fait une chaînette au crochet de part et d’autre du steek central à l’endroit . On crochète en prenant un brin du steek central et un brin de la maille de droite sur toute la hauteur . On fait de même dans l’autre sens de l’autre côté : les 2 brins du steek central se trouvent donc pris dans la chaînette. C’est entre ces deux brins qu’il faut couper.
Voici la première chainette de l’encolure jusqu’aux côtes.


Puis la seconde, des côtes jusqu’à l’encolure.

Ce qui donne ceci.

Il faut couper entre ces deux lignes dans le fil horizontal.
Bon, je ne vous cache pas que j’ai vérifié 100 fois, j’ai pris et reposé mes ciseaux pour vérifier et finalement, j’ai coupé ! Et ça tient ! Formidable !

Sur l’envers, on voit bien le renforcement en fil noir.

Sur l’endroit cela fait une chaînette impeccable.

On replie ensuite la bande de steeks de chaque côté jusqu’à la limite du fil rouge et on maintient par une couture manuelle. Il existe plusieurs méthodes pour « traiter » ces steeks qui ne doivent pas se voir. C’est prévu dans le tuto aussi !


J’ai fait ensuite la bordure d’encolure de manière habituelle en relevant les mailles.
Le gilet est prêt pour les bordures de boutonnage. J’ai relevé des mailles de chaque côté tout du long comme d’habitude.
Avec la bande de steeks repliée vers l’intérieur, c’est beaucoup plus simple et plus net pour relever les mailles des bordures de boutonnage.



Et voilà le résultat final.



Le modèle est réussi. Je suis contente de mon premier tricot 100% shetlandais qui m’a donné du mal, mais ça valait la peine !
Après un lavage à la main et le blocage à plat, le gilet est impeccable et la laine s’est adoucie.
J’ai progressé dans mon apprentissage technique. Et j’ai très envie de recommencer. Ça tombe bien d’autres modèles shetlandais m’attendent avec la laine rapportée de là-bas…