Fête de la laine à Malakoff

Dimanche 17 mars, je suis allée au salon de la fête de la laine de Malakoff, 7e édition. Cette manifestation se déroule sur une quinzaine de jours et propose, outre le salon sur un week-end, des ateliers, des expositions, des conférences, un défilé de mode, etc. La démarche est vertueuse et s’attache à valoriser les fibres naturelles, les acteurs adoptant une attitude éco responsable dans leur processus de production et de travail des fils.

Ce festival a édité une charte qui prévoit que les participants respectent l’environnement et travaillent dans le respect des hommes, des animaux et de la nature. Sont donc proscrits de cette manifestation les fibres issues de l’industrie chimique, les modes d’élevage qui ne respectent pas le bien-être animal (comme la pratique du mulesing par exemple). Cela suppose aussi la transparence sur les méthodes de production, sur les labels et tous les processus de fabrication. La charte recommande même l’utilisation d’emballages écologiques ou à faible émission de CO2, voire pas d’emballages du tout !

J’ai fait de belles rencontres !

Mathilde, passionnée de tricot depuis son enfance, a créé Natissea  dans le nord de la France, une entreprise de fil à tricoter écologique et végétal, basée sur des fibres locales. Son initiative découle de son désir de tricoter de manière plus saine, tout en répondant à une demande croissante d’alternatives aux fibres synthétiques ou animales, la plupart du temps importées. Forte de ses études en stylisme et de son expérience dans l’industrie textile parisienne, Mathilde s’est lancée dans la recherche des fibres végétales produites localement. Malgré les défis liés à la quasi-disparition des filières françaises, elle a persévéré et grâce au soutien des consommateurs  et acteurs de la filière, elle continue de développer et d’améliorer ses fils.

Pourquoi des fils végétaux ? Mathilde souligne plusieurs raisons : leur caractère écologique, et l’alternative plus vertueuse en termes d’impacts environnementaux  qu’ils représentent en comparaison des  fibres synthétiques et animales dont la production va de pair avec la déforestation, la surpopulation animale et les conditions de vie déplorables dans les élevages. Elle encourage à trouver un équilibre personnel dans l’utilisation des fibres et soutient l’idée que chaque petit geste compte.

Les fibres végétales offrent des avantages thermorégulateurs, antibactériens et hypoallergéniques. Mathilde souligne leur potentiel créatif, bien que leur non-élasticité puisse nécessiter un ajustement de la technique de tricotage. Ses fils sont certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard), produits en France et teints de manière écologique.

En dépit du manque de subventions gouvernementales, Mathilde reste optimiste quant à la résurgence des filières du lin et du chanvre textile en France, grâce à l’engagement croissant des consommateurs et des acteurs de l’industrie. Elle reste vigilante pour développer ses gammes de fils à tricoter Natissea, tout en contribuant à un mode de vie plus durable.

Natissea propose une gamme de 5 fils à partir de chanvre , de lin et de coton Vous en saurez plus en consultant son site : natissea.com

J’ai aussi rencontré Caroline (et son conjoint ; important le conjoint : il aide, il soutient, il participe, il encourage !). Caroline est teinturière végétale et fondatrice de la marque « Une Lainière en Touraine « . Initiée au tricot dès son enfance par sa mère et sa grand-mère, elle a très vite eu envie de créer avec des fibres plus naturelles et respectueuses de l’environnement et s’est formée aux arts de la laine et à la teinture végétale.

Ses valeurs  sont aussi les miennes : une laine française éthique et traçable, des teintures écologiques à base de plantes (pas d’insectes ou d’animaux colorants), des produits naturels, biodégradables, le souci du bien-être humain et animal, des prix justes et zéro produit chimique ou matière synthétique.

Caroline souhaite particulièrement mettre en valeur les races de moutons françaises souvent méconnues. Ses fils proviennent d’élevages français  de différentes régions (Pyrénées, Alpes, Bretagne), tous engagés dans le bien-être animal et humain, assurant une chaîne de production transparente et maîtrisée. Caroline mélange ces fils pour obtenir un fil à tricoter aux qualités variées : douceur, gonflant, chaleur, souplesse, tenue, tombé, élasticité, etc.

Caroline crée de très belles couleurs, en harmonie avec les caractéristiques de ses laines. Son travail s’adresse aux passionnés de belles laines, soucieux d’une production éthique et durable qui mette en valeur la beauté des fibres. J’ai eu du mal à choisir !

Outre une gamme de fils, Caroline commercialise aussi des fibres pour le filage ou le feutrage. Vous trouverez tout sur son site : Une lainière en Touraine.

Et j’ai revu avec plaisir bouclelaine installé en Bretagne qui produit un fil à partir de la race Ouessant ; j’ai réalisé ma première création – le pull Prem’s – avec cette laine que j’aime beaucoup !

Et aussi Doriane de Maison Septembre qui a créé son studio de teinture végétale en Anjou. Je l’avais rencontrée pour la première fois à Felletin dans la Creuse. Doriane teinte ses laines artisanalement avec des végétaux cueillis sur place.

J’aime ses coloris très doux et j’étais curieuse de découvrir le dernier , »Ivoire », teint avec … de l’avocat !

Je n’ai pas été déçue ! J’adore ce coloris à l’écru légèrement rosé. J’en ai acheté bien sûr et cogite déjà pour le pull que je vais créé avec… Merci Doriane !

Et pour le reste, j’ai vagabondé dans le salon…

… et me suis laissée tenter par quelques bricoles…

… Et un livre ! Métamorphoses de la laine de Florence Wullai qui évoque l’écosystème du monde pastoral et comment le travail de cette matière vivante qu’est la laine peut être une façon d’habiter le monde sans l’abîmer. Tout un programme ….

Pull Chevrons

Il y a déjà un peu plus d’un mois, j’ai publié cette nouvelle création, le pull Chevrons, nouvelle étape dans mon exploration des traditions nordiques, après le pull jacquard My Fairisle.

Chevrons est un pull à yoke qui  décline un motif simple en trois couleurs sur un fond gris. Et  pour le tricoter, le choix fut vite arrêté à la qualité « Ouessant 50  » de Bouclelaine que j’affectionne particulièrement ; c’est une laine rustique (mais qui ne « pique  » pas !), fine et qui s’adoucit au lavage, assez proche de la laine shetlandaise et tout à fait adaptée à cette typologie de tricots nordiques.

4 couleurs pour ce pull : la couleur principale, un beau gris « Cendre naturel » et pour les motifs de chevrons et de côtes rayées, trois couleurs : Bleu Outremer, Cassis et Coulemelle.

Chevrons est ma première création entièrement sans couture. Le pull se tricote de haut en bas, en rond. J’avais déjà tricoté des modèles avec cette technique « seamless » et une fois surmontée l’ appréhension de la difficulté du tricot sans couture, j’ai vraiment beaucoup apprécié expérimenter ce mode opératoire.

Cela crée des modèles sans surépaisseurs, sans rupture de motifs dont l’effet final vaut vraiment la peine. Pas de mailles à relever, pas de couture, le pull est terminé dès qu’il est tombé des aiguilles, c’est le bonheur de la tricoteuse !

Mais la construction de ce genre de modèle est exigeante pour la designer ! La partie la plus difficile est la partie haute. Puisqu’on tricote en rond, le motif fait le tour du pull sans rupture et la modélisation est donc complexe : il faut combiner l’élargissement de la forme depuis l’encolure jusqu’aux manches en intégrant les rangs de motifs du yoke.

Une fois les emmanchures passées et les mailles pour les manches mises de côté, c’est très simple, on tricote tout droit ! On reprend ensuite les mailles des manches qu’on tricote également en rond.

Voici donc Chevrons, un pull uni avec un yoke en trois couleurs, reprises pour les bords côtes du corps et des manches.

J’ai choisi une forme ample pour plus de confort. Et je suis assez contente du résultat !

Ça vous tente ? Le patron de ce pull est en vente sur Ravelry ici. Et n’oubliez pas de mettre des photos de vos réalisations …

Ursula cardigan

Cette fois, c’est la flore estivale des Shetland qui a inspirée Kate Davies pour ce cardigan ajusté. Il est publié dans l’ouvrage Colours of Shetland .

J’ai réalisé le mien dans la qualité Bouclelaine Ouessant 50 , coloris Coulemelle(pour le fond) et Fleur de lin et dans la qualité Bouclelaine Roussin Alpaga20 pour les coloris Lichen et Opale de feu. J’aime beaucoup cette laine sèche , mais qui ne gratte pas, et très chaude. Je la trouve assez proche de la laine shetlandaise.

Le modèle ne présente pas de difficultés quand on est familier du jacquard et des techniques employées par Kate Davies dans ses modèles, notamment celle de steeks. Le corps se tricote en rond comme un pull ce qui permet de bien suivre le jacquard et on ouvre ensuite devant. Kate Davies utilise aussi les steeks pour l’encolure et les emmanchures.

Le motif de fleurs répétitif est facile à mémoriser. On reprend ensuite aux emmanchures pour tricoter les manches en partant du haut et avec des rangs raccourcis pour construire la tête de manche.

Les poignets, bordures de boutonnières et encolure sont en côtes 3×2.

Les finitions sont longues : travail sur les steeks, galon à coudre le long de la bordure intérieure des bandes de boutonnières et boutons pression à coudre. Mais le résultat est là et je trouve ce modèle élégant et délicieusement rétro, pardon ! vintage comme on dit maintenant…

Le modèle étant assez près du corps, il est très agréable à porter en demi saison, sur une robe à manches courtes, par exemple. Il tient chaud juste ce qu’il faut !